dimanche 9 mars 2025

Texte 5

Symbolique couleur noire :

  • l'obscurité, l'absence de lumière, l'inconnu, l'instinct de survie

  • tristesse, mort, deuil, solitude, perte, vide, peur, angoisse, colère

Un accident domestique vient compliquer encore davantage la vie d'Alain.



Pour la première fois de sa vie, Alain lit un manga, à la base une bande dessinée en noir et blanc dont le style a été développé au Japon. Il fait office d'exutoire. Ici, il s'agit d'une traduction du chinois traditionnel dans le cadre d'un travail de fin d'études en traduction à l'UMONS de 2022-2023 dont le titre est « Le concerto funéraire » (213 pages ou planches) de Rimui Yumin. Il lui a été prêté par Gilbert, l'assistant social, juste avant l'incapacité de travail qui a suivi la réception du recommandé, peut-être dans l'optique de l'encourager à faire son deuil de « quelque chose » mais quoi ?

En fait, si le noir des images est bien noir, le blanc, les blancs ne sont pas vides de sens. Les symboles et onomatopées, d'ailleurs plus diversifiées en japonais que dans notre culture, ont parfaitement leur place.Tout est fait pour concentrer le lecteur sur le texte, les personnages et leurs émotions face à certains tabous. La mort n'y échappe pas. Il existe aussi une dimension spirituelle : le thème de la vie éternelle est au cœur du manga. Finalement, tout ça n'est peut-être pas si éloigné du mantra, du mandala, toutes ces symboliques et pratiques du bouddhisme.

Cette lecture est un exercice utile pour Alain qui se veut apte à changer de point de vue. Lui qui est habitué à lire de gauche à droite se voit obligé de commencer le livre par la fin et de décrypter les bulles de droite à gauche et de haut en bas, ce qui peut entraîner parfois une certaine confusion suivant l'ordre des images.



Demain, il reprend le travail et, pour restituer le manga à Gilbert, il veut le terminer au plus vite. Même si les mangas sont sensés avoir un effet rassurant auprès de la jeunesse, il faudra autre chose à Alain pour empêcher la nouvelle montée d'angoisse qui l'étreint à l'idée de l'entretien prévu dans l'après-midi à la direction.


En soirée, il avale un anxiolytique, oublieux des techniques de relaxation qu'il connaît cependant. Éclairé par son lampadaire muni d'une liseuse, il se met au lit avec son livre. Il faudra, songe-t-il, qu'il le remplace par un lampadaire LED plus économique et écologique que les ampoules halogènes.

Alain a vérifié le chargement, mis son smartphone en mode avion, enclenché la fonction sonnerie pour six heures et l'a débranché négligemment sans enlever le chargeur.de la prise. Au bout de vingt minutes à peine, il s'est endormi. Soumise à la chaleur de la liseuse pendant quelques heures, la batterie a surchauffé et mis le feu à la couverture du manga posé dessus malencontreusement. Mu par l'instinct de survie, Alain a suffoqué, s'est levé à la lueur du début d'incendie abolissant l'obscurité, a toussé, a ouvert la fenêtre, s'est emparé d'une serviette épaisse sur laquelle il a déversé la bouteille d'eau qu'il met à sa disposition chaque soir au pied du lit afin de se désaltérer si nécessaire et avec laquelle il a étouffé les flammes du livre et ensuite saisi la batterie brûlante et fondante afin d'éviter une probable éventuelle propagation.


L'installation électrique du bâtiment à appartements s'est mise en court-circuit.

Les locataires en vêtements de nuit sont sortis un à un de leur appartement pour s'inquiéter de l'absence de lumière. Le voisin de palier a allumé la torche de son téléphone portable. D'autres l'ont imité pour atteindre le disjoncteur et les différentiels afin de remettre le circuit en fonction. Alain, après une courte période d'hyperactivité salutaire, en état de choc, croyait voir déambuler un cortège de zombies dans les escaliers.



Encore heureux que l'on n'ait pas eu besoin d'appeler les pompiers, se félicita Alain au moment de raconter l'accident domestique à l'équipe du Centre psycho-médico-social pour justifier son retard et sa tête d’ectoplasme.

Mais à part ça, tout va très bien, cher Gilbert, (pourtant, il faut, il faut que je vous dise, je déplore un tout petit rien, un incident, une bêtise,...tout va très bien). Mais non, Gilbert, je suis honteux et confus de ne pouvoir te remettre ton manga dans le parfait état où il était. Je te présente mes humbles excuses. Peux-tu les accepter et me rejoindre dans mon bureau pour un entretien en privé à propos de la convocation à laquelle je suis convié cet après-midi ? 

 (716 mots) 

 

Texte final

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