Symbolique couleur noire :
l'obscurité, l'absence de lumière, l'inconnu, l'instinct de survie
tristesse, mort, deuil, solitude, perte, vide, peur, angoisse, colère
Un accident domestique vient compliquer encore davantage la vie d'Alain.
Pour la première fois de sa vie, Alain lit un manga, à la base une bande dessinée en noir et blanc dont le style a été développé au Japon. Il fait office d'exutoire. Ici, il s'agit d'une traduction du chinois traditionnel dans le cadre d'un travail de fin d'études en traduction à l'UMONS de 2022-2023 dont le titre est « Le concerto funéraire » (213 pages ou planches) de Rimui Yumin. Il lui a été prêté par Gilbert, l'assistant social, juste avant l'incapacité de travail qui a suivi la réception du recommandé, peut-être dans l'optique de l'encourager à faire son deuil de « quelque chose » mais quoi ?
En fait, si le noir des images est bien noir, le blanc, les blancs ne sont pas vides de sens. Les symboles et onomatopées, d'ailleurs plus diversifiées en japonais que dans notre culture, ont parfaitement leur place.Tout est fait pour concentrer le lecteur sur le texte, les personnages et leurs émotions face à certains tabous. La mort n'y échappe pas. Il existe aussi une dimension spirituelle : le thème de la vie éternelle est au cœur du manga. Finalement, tout ça n'est peut-être pas si éloigné du mantra, du mandala, toutes ces symboliques et pratiques du bouddhisme.
Cette lecture est un exercice utile pour Alain qui se veut apte à changer de point de vue. Lui qui est habitué à lire de gauche à droite se voit obligé de commencer le livre par la fin et de décrypter les bulles de droite à gauche et de haut en bas, ce qui peut entraîner parfois une certaine confusion suivant l'ordre des images.
Demain, il reprend le travail et, pour restituer le manga à Gilbert, il veut le terminer au plus vite. Même si les mangas sont sensés avoir un effet rassurant auprès de la jeunesse, il faudra autre chose à Alain pour empêcher la nouvelle montée d'angoisse qui l'étreint à l'idée de l'entretien prévu dans l'après-midi à la direction.
En soirée, il avale un anxiolytique, oublieux des techniques de relaxation qu'il connaît cependant. Éclairé par son lampadaire muni d'une liseuse, il se met au lit avec son livre. Il faudra, songe-t-il, qu'il le remplace par un lampadaire LED plus économique et écologique que les ampoules halogènes.
Alain a vérifié le chargement, mis son smartphone en mode avion, enclenché la fonction sonnerie pour six heures et l'a débranché négligemment sans enlever le chargeur.de la prise. Au bout de vingt minutes à peine, il s'est endormi. Soumise à la chaleur de la liseuse pendant quelques heures, la batterie a surchauffé et mis le feu à la couverture du manga posé dessus malencontreusement. Mu par l'instinct de survie, Alain a suffoqué, s'est levé à la lueur du début d'incendie abolissant l'obscurité, a toussé, a ouvert la fenêtre, s'est emparé d'une serviette épaisse sur laquelle il a déversé la bouteille d'eau qu'il met à sa disposition chaque soir au pied du lit afin de se désaltérer si nécessaire et avec laquelle il a étouffé les flammes du livre et ensuite saisi la batterie brûlante et fondante afin d'éviter une probable éventuelle propagation.
L'installation électrique du bâtiment à appartements s'est mise en court-circuit.
Les locataires en vêtements de nuit sont sortis un à un de leur appartement pour s'inquiéter de l'absence de lumière. Le voisin de palier a allumé la torche de son téléphone portable. D'autres l'ont imité pour atteindre le disjoncteur et les différentiels afin de remettre le circuit en fonction. Alain, après une courte période d'hyperactivité salutaire, en état de choc, croyait voir déambuler un cortège de zombies dans les escaliers.
Encore heureux que l'on n'ait pas eu besoin d'appeler les pompiers, se félicita Alain au moment de raconter l'accident domestique à l'équipe du Centre psycho-médico-social pour justifier son retard et sa tête d’ectoplasme.
Mais à part ça, tout va très bien, cher Gilbert, (pourtant, il faut, il faut que je vous dise, je déplore un tout petit rien, un incident, une bêtise,...tout va très bien). Mais non, Gilbert, je suis honteux et confus de ne pouvoir te remettre ton manga dans le parfait état où il était. Je te présente mes humbles excuses. Peux-tu les accepter et me rejoindre dans mon bureau pour un entretien en privé à propos de la convocation à laquelle je suis convié cet après-midi ?
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Bonjour Gisèle,
RépondreSupprimerD'abord une précision : c'est le chargeur (ce que je comprends mieux) ou la batterie du téléphone qui est en surchauffe ?
Les mangas, effectivement pas si faciles à lire. Si commencer par la fin est encore facile, il l'est moins de lire les cases de droite à gauche sur chaque page ! Sans compter que certaines cases explosent en bousculant les autres. Bonjour le chemin de lecture à suivre.
Pas précisément une lecture décontractante...
Autre précision, ce manga, la thèse d'un étudiant si je comprends bien, peut-elle être confiée à "n'importe qui" ? Et encore, c'est une traduction en images d'un texte japonnais mais alors, n'est-ce pas plutôt une adaptation ?
Oui, je chipote et sans doute mal à propos...
Je me demande ce que son conseiller pourra bien lui dire avant son entretien qui semble de plus en plus terrifiant !
Toujours ce grand plaisir à te lire.
Bien à toi,
Jan.
Bonjour Gisèle,
RépondreSupprimerJe ne comprenais pas pourquoi le manga avait été traduit du chinois et non du japonais qui est le pays d’origine de cette forme de BD. J’ai donc consulté Google et j’y ai appris que Rimui Yumin, l’autrice/dessinatrice est d’origine Taïwanaise.
Je devrais sans doute lire ton récit depuis le début. Je le ferai, promis mais pas aujourd’hui. Toutefois, il me semble que la « leçon » sur le manga est quelque peu superfétatoire ; elle prend, me semble-t-il, trop d’importance dans ton texte.
J’ai beaucoup aimé la description de l’accident/incident qui a frôlé le drame d’un incendie qui aurait pu être catastrophique. Mais tout se termine bien…
Alain aurait tout de même pu remplacer le manga – à tout le moins le proposer à son ami Gilbert - car il doit vraisemblablement être en très très mauvais état, non ?
Euh … quid du miroir ?
Bravo. Belle écriture bien ciselée. A plaisir de lire la suite.
Cordialement, Christian
Bonjour Gisèle,
RépondreSupprimerComme quoi rien ne vaut une bonne BD cool et relax comme "LE CHAT" de Philippe Geluck, n'est-ce pas? C'est peut-être moins philosophe (quoique...) mais on se brûle moins les doigts.
Donc, Alain reprend le travail. Il rencontre Gilbert peu avant. A titre privé, dis-tu? Je me demande si il ne serait pas pourrait être intéressant que tu nous parles de ce Gilbert, de son caractère, de l'intérêt de la rencontrer (puisque je suppose que c'est pour le rassurer à propos de la missive envoyée par la direction avant l'entretien avec ladite direction...).
Sinon, l'idée du feu est une bonne idée! Mais je crois qu'il faut insister sur le fait que la batterie est endommagée par exemple. Ce n'est pas indispensable mais ça renforce la dangerosité de la chose...
Tiens, oui, c'est vrai, comme dit Christian, le miroir n'est pas encore arrivé. Je vois bien le feu ronger la corde qui tient le miroir , et le miroir en tombant, réveille Alain. Bon, ce n'est qu'une idée.
Merci pour texte et je me demande bien comment ça va se passer avec la direction!!
Merci et donc à bientôt!
Patrick
Bonjour Gisèle,
RépondreSupprimerC'est la faute à pas de chance. Est-ce un mauvais présage?
L'épisode du feu est bien écrit. Je me demande comment Gilbert va réagir en apprenant que le manga est abîmé? Et surtout comment Alain va recevoir la réaction de Gilbert qui risque de le déstabiliser davantage si cela se passe juste avant l'entretien.
Et si finalement cet entretien est en faveur de D'Alain contrairement à ce qu'il suppose?
Merci.
Bon dimanche.
Bonjour Gisèle,
RépondreSupprimerLa diversité des styles d’écriture est ta spécialité et une fois de plus tu surprends le lecteur par un épisode tragi-comique bienvenu. On retrouve Alain angoissé à la perspective de cette convocation à propos de laquelle tu fais habilement durer le suspense.
Le texte est long et, d’accord avec Christian, je pense que tu aurais pu faire l’impasse sur l’essentiel des 2 premiers paragraphes : ce passage explicatif à propos des mangas n’est pas utile dans un texte de fiction, surtout une nouvelle.
Un petit souci au niveau de la relation d’Alain avec Gilbert : là aussi, je suis d’accord avec Christian il me semble que, vu l’état du manga il devrait en acheter un nouveau au lieu de le lui rendre dans cet état, même avec des excuses.
« En soirée, il avale un anxiolytique, oublieux des techniques de relaxation qu'il connaît cependant. Éclairé par son lampadaire muni d'une liseuse, il se met au lit avec son livre. Il faudra, songe-t-il, qu'il le remplace par un lampadaire LED plus économique et écologique que les ampoules halogènes. »
Ce paragraphe pose quelques problèmes d’écriture dont l’analyse peut être utile à tous.
« En soirée, il avale un anxiolytique, oublieux des techniques de relaxation qu'il connaît cependant. »
Ce qui est important, c’est qu’il avale un anxiolytique, c’est donc à mettre en évidence en fin de phrase.
« Éclairé par son lampadaire muni d'une liseuse, il se met au lit avec son livre. Il faudra, songe-t-il, qu'il le remplace par un lampadaire LED plus économique et écologique que les ampoules halogènes. »
Telle quel le passage signifie qu’il doit remplacer le livre par un lampadaire. L’enchaînement t’oblige à terminer la première phrase sur le lampadaire. Enfin ce n’est pas le lampadaire qui est plus économique que les ampoules mais les leds
Je te suggère donc :
En soirée, oublieux des techniques de relaxation qu'il connaît cependant, il avale un anxiolytique. Puis il se met au lit pour lire, éclairé par son lampadaire muni d'une liseuse. Il faudra, songe-t-il, qu'il le remplace par un lampadaire à leds plus économiques et écologiques que les ampoules halogènes.
Dans ton sixième texte, sous le signe du rouge, un livre ou un document va aider Alain à voir plus clair.
Bon travail,
Liliane