Texte 6
(rouge, Alain va être soutenu par quelqu'un ou quelque chose (un livre ou un document) qui l'aidera à résoudre son problème)
A-Cher Gilbert, je t'avais confié provisoirement la responsabilité du service lors de mon départ en congé de maladie. Est-ce que ça s'est bien passé ?
G- Dans l'ensemble, oui ! Je me suis tout de même rendu compte qu'il n'est pas facile de gérer un groupe, si petit soit-il. Pas facile de débusquer les non-dits. Pas facile de faire taire cette satanée secrétaire.
A- Comme tu le sais, autrefois, Solange a été ma maîtresse et j'ai été soulagé quand j'ai enfin pris la décision de rompre. Elle peut souffler le chaud et le froid et, en l'espace d'une heure, te faire vivre un véritable ascenseur émotionnel. Tantôt elle me portait aux nues, tantôt elle me dénigrait ou m'opposait un silence tonitruant. Elle a l'art de mettre le doigt là où ça fait mal. Et puis, elle n'a pas sa langue en poche. Tout ça est aiguisé comme un poignard planté dans une plaie béante.
G-En ton absence, Martine en a fait les frais. Elle est plutôt bonne fille, elle s'en prend toujours plein la figure. Elle qui n'aime pas voir le sang couler. À se demander comment elle a choisi de devenir infirmière. C'est évidemment une métaphore.
A-Une victime née. Tantôt sauveuse, tantôt victime. Me voilà à nouveau pris au piège du jugement d'autrui !
G-C'est humain. On voit toujours mieux la paille... plutôt que la poutre...
A-Comme si je n'en n'avais pas assez pour ma pomme. D’ailleurs, toute cette semaine, je suis resté à ruminer, cloîtré chez moi. Dis-moi, Gilbert, la dernière fois que nous nous sommes vus ici-même, j'ai eu le sentiment que, loin de me comprendre, tu me faisais la morale. Ne disais-tu pas qu'au cours de tes études tu avais appris à écouter ?
G-Je suis désolé, Alain. Mais, si j'affirmais quoi que ce soit, c'était moi aussi que je voulais encourager à prendre un autre point de vue, à me dépasser, à croire en moi. J'ai toujours besoin de réaffirmer ma foi en l'homme pour m'en convaincre.
A-J'admets qu'il y a loin de la coupe aux lèvres. Nous nous voulons humanistes, nous voulons guider les autres et nous sommes juste des apprentis sorciers.
G-Quelles que soient nos connaissances en matière de psychologie, ça reste un acquis intellectuel avant d'être une expérimentation intégrée.
A-Mon miroir pourrait t'en dire plus que moi. Sur moi. Pour parler d'autre chose, dis-moi, où est-ce que je peux me procurer le manga que je te dois ? Celui-là ou un autre. C'est comme tu veux.
G-Tu me rembourseras le prochain que j'achèterai. Ne te dérange pas ; il y a plus pressé. Venons-en à cette convocation qui semble te stresser outre mesure !
A-Je n'osais pas y venir.
G-En retrouvant un petit livret dans ma bibliothèque, j'ai pensé que tu pourrais souhaiter y jeter un œil. Le voici ! Il a pour titre « L'épuisement » de Guillaume Wattier. Sa préface est de Bernard Fourez, psychiatre systémicien.
A-Pourquoi pas, mais es-tu en train de me dire que je suis sur la pente du burn-out ?
G-Je ne sais pas mais ça vaut peut-être le coup d'y réfléchir. L'auteur y indique quelques pistes pour en sortir. Il s'agit d'un petit ouvrage de vulgarisation très bien fait et, vu tes capacités et tes connaissances, tu trouveras très vite les solutions qui te conviennent.
A-Tu as probablement raison et je te remercie de l'intérêt que tu me portes.
G-Si tu veux, en complément, j'ai aussi un livre de Jacques Salomé et Sylvie Galland : « Si je m'écoutais... Je m'entendrais ». Il fait un peu moins de 350 pages et de temps en temps, j'en relis quelques passages et j'y trouve souvent des réponses à mes questions.
A-Je dois bien admettre que je panique de manière incompréhensible depuis cette convocation. Je n'ose même pas en parler à ma psy. Pourtant lors de ma dernière consultation, j'étais sorti confiant, presque euphorique, surtout grâce à une petite conversation révélatrice avec un jeune lecteur du Petit Prince. Cette instabilité émotionnelle est loin d'être une constante chez moi.
G-Alors, c'est vendu ? Je te passe les livres. Mais surtout, n'oublie pas de reprendre contact avec tes amis. Je peux te dire que tu leur as manqué, et à moi aussi. (700 mots)
Bonjour Gisèle,
RépondreSupprimerBel ami que ce Gilbert et beau dévouement de la part de cet assistant social inquiet pour Alain.
J'aime ce texte qui donne des voies de réconfort à quelqu'un en risque de surmenage. Sauf Jacques Salomé, je ne connais pas ces ouvrages.
La manière de parler d'Alain me semble un peu littéraire mais, pourquoi pas. Cette précision analytique peut se justifier car il a déjà dû exprimer tout ça chez sa psy.
Il ne reste qu'un seul texte et je me demande si cela sera assez pour conclure cette nouvelle riche et captivante.
Bien amicalement,
Jan.
Bonjour Gisèle,
RépondreSupprimerTrès chouette cet entretien bienveillant.
Bonne idées de conseiller des lectures . Et si c'est entretien est en faveur d 'Alain? Et si le départ de la secrétaire pouvait alléger la pression au boulot? Et si la secrétaire était à l'origine de cette convocation pour se venger...Solange est très rancunière.
Bon dimanche.
Nadera
Bonjour Gisèle,
RépondreSupprimerUne conversation sympathique entre Alain et Gilbert, en même temps riche de conseils pratiques pour le lecteur en mal d’équilibre et de sérénité psychologiques.
Il était temps qu’Alain propose à Gilbert de le dédommager pour son manga. Et la réponse décontractée de Gilbert est un précieux indice sur la qualité de la relation entre les deux hommes.
Le dialogue sonne juste. Contrairement à Jan, je ne suis pas dérangée par le langage très précis d’Alain. Je pense plutôt, comme lui, que tu l’as voulu caractéristique de son métier.
Il te reste à écrire le dénouement de cet atelier.
Au cas où une suggestion de consigne te ferait plaisir, je te propose l’apaisement. Alain se réconcilie avec lui-même et avec la vie. Et une couleur, le noir.
Bon travail,
Liliane
PS. J’ai aussi ajouté un bref commentaire à ton addenda du texte 4.
Bonjour Gisèle,
RépondreSupprimerTu creuses les fêlures d'Alain qui rentre de congé de maladie.
C'est grâce à Gilbert qu'il tente de mettre des mots sur son mal-être.
Solange serait à la source de cet épuisement moral et physique.
Gilbert ne joue pas le rôle de thérapeute mais bien celui de l'ami attentif à lui faire remonter la pente.
Les citations de livres références vont-elles être le départ d'un nouveau départ ?
Ton texte est une pièce de théâtre, sans didascalies et cela donne de la crédibilité aux personnages. Est-ce voulu de ta part qu'Alain utilise un langage aussi châtié?
Et si le vrai danger n'était pas la convocation , mais ce qu'il s'interdit d'y voir?
Que nous réserves-tu pour la fin?
Mystère...
Bon travail !
Colette
P.S. Merci pour ta remarque sur mon texte. Emma avait déjà parlé de visionnaire dans le texte précédent.
J'ai ajouté aussi un commentaire pour ton "rap"
RépondreSupprimerColette
Bonjour Gisèle!
RépondreSupprimerMoi ce que j'apprécie particulièrement dans ce texte, c'est l'introduction de la Secrétaire! ha, ha, voilà qui peut nous amener à nous poser des questions! Comme dis Nadéra, est si c'était cette ancienne maitresse était à la manoeuvre? C'est plus que plausible!
J'attends bien la suite!
Merci
Patrick